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יום שישי, 30 בדצמבר 2011

Italia chel Yavàn

Italia chel Yavàn, Torah in Hamodia Edition Française No 197 par Yonathan Bendennnoune

Italia chel Yavàn
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No 197 14 décembre 2011, Torah

Alors que nous approchons de ‘hanouka, et parce que cette fête constitue la chute, dans un même mouvement, des deux derniers empires, Romi et Yavàn, il nous a semblé judicieux de revenir sur la manière dont nos Sages ont décrit le passage de l’un à l’autre.

Dans la bénédiction qu’Its’hak donne à Essav, il est dit : « Et Its’hak, son père, répondit et lui dit : "Voilà, c’est donc une terre grasse qui constituera ta résidence, et la rosée des cieux se trouvera au-dessus » (Béréchit 27, 39). Les termes utilisés ici font réponse à ceux qu’Its’hak utilisa pour bénir Yaacov : « Et l’Eternel te pourvoira de la rosée des cieux et des sucs de la terre » (Béréchit 27, 28). Une inversion que le Midrach (Béréchit Raba 67, 6) interprète ainsi : « "Une terre grasse", il s’agit de l’Italie. "Et la rosée des cieux se trouvera au-dessus", il s’agit de la maison de Gouverine [une ville où les dirigeants romains avaient installé leur résidence à l’époque des Sages, Ndlr.] ». Et Rachi sur le verset écrit : « "Une terre grasse" : Italia chel Yavàn ».
Une simple devinette
Or, l’apparition historique de l’empire romain, la quatrième et dernière période de l’exil d’Israël, a confirmé la bénédiction qu’Its’hak avait accordée à Essav, comme cela ressort de ce passage du Talmud : « Rav Yossef a dit que Rome remporta deux victoires (tefissot). La seconde, à l’époque de la reine Cléopâtre [la septième du nom, reine d’Egypte, elle fut mariée à l’empereur Marc Antoine. Cette date correspond à la victoire du général Octave qui, après avoir fait assassiner Marc Antoine et Cléopâtre en l’année 31 avant l’ère commune, soit en 3799 de notre calendrier, fait de l’Egypte un nouveau territoire romain. Octave devient alors le nouvel empereur de Rome et change son nom en celui d’Auguste. Avec ce « coup d’Etat », l’empire romain prendra des proportions encore jamais atteintes dans toute son histoire, Nldr.]. Et la première, lorsque Rome prit le pouvoir aux Grecs [soit : 206 ans avant la destruction du Second Temple qui eut lieu en l’an 3829, c’est-à-dire en 137 avant l’ère commune lorsque Chimon ha’Hachmonaïi, le fils de Matityahou, rétablit l’autorité politique d’Israël. Cf. Séfer ha’Hachmonaïm 1, 14-15 ; voir aussi Rachi sur Daniel 11, 22-23 et 26]. Comme l’a enseigné rav Dimi : "32 combats ont opposé les Romains aux Grecs sans qu’ils parviennent à les vaincre, jusqu’à ce que les Romains s’associent à Israël. Rome proposa alors le marché suivant : "Lorsque nous l’aurons emporté contre les Grecs et que nous les dominerons, si nous devenons rois, vous serez gouverneurs ; et si c’est vous qui êtes nommés rois, nous occuperons les postes de gouverneurs". [Conformément au verset : « Deux nations sont dans ton sein. Et deux peuples sortiront de tes entrailles. Un peuple sera plus puissant que l’autre. Et l’aîné obéira au plus jeune » (Béréchit 25, 23)]. Puis les Romains envoyèrent le message suivant aux Grecs : "Jusqu’à ce jour, nous nous sommes fait la guerre (biKrava), à partir de maintenant réglons notre différend à l’aide d’une devinette (naavid béDina). Entre une perle et une pierre précieuse, laquelle doit servir de support à l’autre ?" Les Grecs répondirent : "La perle doit supporter la pierre précieuse". "Et entre une pierre précieuse et l’onyx ?" "La pierre précieuse sera le support de l’onyx". "Et entre l’onyx et le Séfer Torah ?" "L’onyx servira de support au Séfer Torah". Les Romains envoyèrent alors le message suivant aux Grecs : "Eh bien, sachez que nous avons avec nous le Séfer Torah et Israël !" Et c’est ainsi que les Romains l’emportèrent sur les Grecs. Durant 26 ans, ils respectèrent leur engagement auprès d’Israël. Mais, passée cette date, les Romains assujettirent Israël ». Puis la Guémara de demander : « Quel est le verset que les Romains utilisèrent au début [afin de justifier leur association avec le peuple juif] ? Et quel est celui que les Romains interprétèrent ensuite [lorsqu’ils changèrent d’attitude] ? Au début, ils déduisirent la marche à suivre du verset suivant [lorsque Essav dit à Yaacov] : "Partons et marchons ensemble ; je me conformerai à ton pas" (Béréchit 33, 12). Puis, ils interprétèrent le verset [avec lequel Yaacov répond à Essav] :"Que mon seigneur veuille passer devant son serviteur" (Béréchit 33, 14) » (Traité Avoda zara, p.8/b).
26 ans
La Grèce et l’Egypte sont deux figures de l’universel sur lesquelles Rome va fonder son pouvoir, liant dans une même pâte la religion et le savoir sous les griffes de la domination militaire. Son organisation économique et sociale, ainsi que son culte de l’Etat, vont donc permettre à Rome, le plus vaste et le plus solide empire de tous les temps, de régner jusqu’à nous à travers les formes les plus hétérogènes du politique. Et pour cause : Edom doit en finir avec toutes les formes possibles de l’existence humaine…
Et, dans ses commentaires du Talmud (‘Hidouché Aggadot 4, p.34), le Maharal écrit : « Il convenait que la Grèce, représentée par la perle, et Rome, représenté par la pierre précieuse, s’associent, l’une devenant le support de l’autre. Ainsi en est-il de la pierre précieuse et l’onyx, c’est-à-dire : de Rome et d’Israël. Et, comme c’est le cas encore de l’onyx et du séfer Torah, c’est-à-dire : d’Israël et du séfer Torah. Or, voilà bien toutes les qualités (maalot) dont Rome dispose ».
Rome étant le dernier empire, il est logique qu’il apparaisse après la Grèce. Tout comme, Israël fait suite à Rome, et le séfer Torah à Israël, chacun n’étant pas seulement la continuité de l’autre, mais bien son achèvement, le but vers lequel il tend.
La Grèce devait donc laisser place à Rome parce que, en son essence même, elle porte l’universel. Comme l’écrit ailleurs le Maharal : « Le troisième empire est donc comparé à une panthère munie de quatre ailes (Daniel 7, 6). Car le propre de la connaissance c’est de se déployer dans toutes les directions. Dans la longueur et la largeur, sans limite aucune, elle se propage dans tous les sens ; ce que suggère l’image d’une panthère à quatre ailes. Les ailes représentent en effet cette extension dans les quatre directions cardinales du monde. Daniel dit encore de cette nation qu’elle "dominera toute la terre" (Ibid. 2, 39). Et s’il en est ainsi, c’est parce qu’elle possède la science qui, par nature, est universelle. C’est donc à l’image de la pensée que cette nation dirigea le monde entier et que tout se conforma à son ordre » (Nèr mitsva, 1ère partie). Or, c’est cette faculté qui le caractérise de tout « dévorer » qui fait que Rome s’impose nécessairement comme l’universel même. De l’Egypte à la Grèce, jusqu’au séfer Torah – « ni Juif, ni Grec » (sic) –, Rome, c’est la toute-puissance, le dernier empire, celui qui domine tout, comme il est dit : « Puis, plongeant le regard au loin dans une nouvelle vision nocturne, c’est une quatrième bête qui, formidable, terrifiante et extrêmement vigoureuse, soudainement se dressa ; elle montrait de puissantes dents de fer, dévorait et broyait tout ; et ce qu’elle délaissait, elle le piétinait » (Daniel 7, 7).
Mais, comme nous l’avons vu ces dernières semaines, Rome doit laisser place à Israël en cela que l’étendue de sa domination est productrice de son propre anéantissement. Ainsi, « le quatrième empire s’appelle le cochon (‘hazir), car c’est par ricochet que la souveraineté retournera à Israël. Le nihilisme qu’apporte le quatrième empire ayant pour conséquence de faire jaillir la souveraineté d’Israël. Le néant étant la cause de l’être, comme cela est connu de tous les sages, le quatrième empire se dénomme le cochon. Pour la même raison, il est assimilé au fer destructeur. Engagé dans l’effacement et la disparition, l’absence est sa raison d’être » (Nèr mitsva, ibid. Cf. aussi Midrach Vayikra Raba 13, 5 et Tossefot, Avoda zara, p.2/b : « Romi »).
Et, le maître de Prague d’ajouter plus loin que, dans cette temporalité de 26 ans, c’est la dimension métaphysique attachée à cet évènement historique qui nous est rappelée. Savoir que Yaacov et Essav ont partagé la même vie intra-utérine, un espace commun à leur existence première, et que cette conjonction originelle est productrice d’une coïncidence. Car, de la même manière que l’apparition d’Essav est contemporaine de l’avènement de Yaacov, Israël est, par effet de miroir, attaché aux talons de Rome. Il n’apparaît qu’après que celui-là a fini de sortir à la lumière du jour, après qu’il a consommé tout son possible, entièrement « fait » comme le fut Essav…
Emouna
L’association qu’Essav a proposée à Yaacov se trouve donc être à l’origine de ces 26 ans d’« entente » entre Rome et Israël. Tandis que le refus de Yaacov, le fait d’avoir laissé passer son frère le premier, propulse Israël dans l’exil de son à venir, Rome devenant le dernier empire !
Si le plus jeune, celui qui naît après, n’a pas part au olam haZé de son frère, c’est parce que le miracle ne vient qu’après l’ordre de la nature. Tel fut le pari de Yaacov alors qu’il se trouvait avec son frère dans le ventre de leur mère, Rivka (Pirké déRabbi Eliézer). Et tel est le sens de la émouna qu’il a alors implantée dans sa descendance : cette nécessité de devoir dévoiler dans ce monde-ci un ordre qui ne relève pas de ses lois, mais d’une autre légitimité, d’une autre dimension du sensé dont Israël a la garde et qui constitue son avenir. Les versets cités ici par la Guémara se concluent en effet sur ces mots : « jusqu’à ce que je rejoigne mon seigneur à Séïr » (Béréchit 33, 14). Dans cette place (ce monde-ci) que Yaacov concède à Essav, l’ordre intime du réel est certes relégué à son futur, mais Yaacov rejoindra Essav à Séïr, comme il est dit : « Et des libérateurs s’élèveront sur la montagne de tsion pour juger la montagne d’Essav » (Ovadia 1, 21).
L’exil de la pensée et de l’humain inauguré par l’empire grec n’a pas encore touché à sa fin. Le divorce entre l’homme et le monde, entre le révélant et le révélé, qui a caractérisé le troisième moment de l’exil, s’est en effet déployé sous le quatrième empire avec la puissance de l’universel. Or, il nous semble que l’attitude de Yaacov envers son frère Essav comporte en elle la clé de la victoire contre le dernier empire, et elle nous éclaire sur la manière dont nous devons aborder la période de ‘hanouka. La victoire contre l’empire de la raison – la Grèce proprement dite – est certes liée aux lumières du candélabre, la ménora, mais sa chute définitive est suspendue à notre faculté d’inscrire notre savoir et les valeurs de notre existence dans la continuité du pari de Yaacov : vivre la émouna. Inscrire au cœur de notre présence au monde le pari d’un futur où se joue le dévoilement de la Torah et des mitsvot. Yaacov est d’abord « ich tam » avant d’être : « yochèv ohalim ». La temimout est première. Elle est cette spontanéité avec laquelle on saisit la possibilité d’exprimer le futur, ce « séder zraïm – l’ordre des semailles » (Traité Chabbat, p.31/1) dont parle Rech Lakich. Car, seul celui qui sème, récoltera les fruits de la émouna. La temimout précède le déploiement de la ‘hokhma. C’est elle qui lui donne tout son sens…

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